Covid19 : vers la fin du sport en club ?
L’épidémie de coronavirus se maintient en France et les salles de sport restent fermées. La reprise n’aura pas lieu avant février 2021, et encore, beaucoup d’observateurs estiment que cela n’est pas réglé. Les conséquences vont être terribles, jusqu’à la fin du sport en club ?
La période de confinement s’est arrêtée officiellement le 15 décembre, avec la fin des attestations et des contraintes de déplacement. A la place, un couvre-feu va être instauré dans le pays, entre 20h et 7h, sans dérogation pour les pratiques sportives en extérieur. Depuis le début de la pandémie de covid19, les conséquences et les effets sont catastrophiques pour le secteur sportif.
UN CHIFFRE D’AFFAIRES EN CHUTE LIBRE DE 2,6 MILLIARDS D’EUROS
Les salles de sport et les entreprises de loisir sportif, après avoir été fermées durant tout le confinement du printemps dernier, subissent encore les contraintes sanitaires et sont restées portes-closes depuis la fin du mois d’octobre. La pratique institutionnelle n’est plus possible en France et toute une économie, pesant plus de 44 milliards d’euros et 333 000 emplois, est inquiétée. La fidélisation de la clientèle et l’attractivité sont profondément touchées et beaucoup alertent d’une incapacité à rebondir, après la crise passée.
Selon le syndicat FranceActive, de 15 à 20 % des 4 500 salles de fitness seraient déjà en cessation de paiements, soit 8 200 emplois menacés. Parmi celles-ci, beaucoup d'indépendants ou des petits réseaux. Récemment, une étude de l'organisation interprofessionnelle Union Sport & Cycle, dévoilait que près de 300 salles avaient déposé le bilan au cours des derniers mois. Les perts, sur les seuls 6 premiers mois de l’année 2020 sont estimées à 2,6 milliards d’euros. Et cela ne va pas aller en s’améliorant.
La moitié des entreprises de sport déclare ne disposer que de deux à trois mois de trésorerie pour tenir, que les réserves et les marges de manœuvre sont quasiment mortes, quelles que soient les aides ou les subventions apportées par l’Etat. La faillite généralisée devrait éclater dès janvier 2021, si rien n’est fait, si les salles ne réouvrent pas et que les fermetures sont maintenues.
LE SPORT INDIVIDUALISÉ EN AUGMENTATION
Il faut d’ailleurs préciser que la pratique « désinstitutionnalisée » du sport, des termes de Pascal Duret, sociologue à l’Université de la Réunion, qui renvoie à la pratique hors club et hors de tout cadre officiel, est en augmentation depuis maintenant plus de 10 ans. On comptait 23 millions de Français sportifs sans club dans les années 2000, ils sont à présent plus de 26 millions. Les deux confinements successifs n’ont fait qu’accélérer ce processus, avec une hausse de plus de 30% de la pratique sportive enregistrée couplée à une diminution de 26% de l’adhésion en club et en association.
On fait de plus de plus de sport mais à la maison, sur un tapis de yoga ou avec une barre de traction, en extérieur, en allant courir seul ou pédaler sur son vélo, sans faire partie d’un club et d’un cadre légal et institutionnel. Cette habitude se maintient et risquerait de provoquer des soubresauts sans commune mesure. C’est tout un secteur qui est inquiété, et avec lui ses nombreux emplois et ses conséquences directes et indirectes sur l’économie.
Avoir passé plus d’une année entière sans avoir fréquenté une salle de sport, une salle de fitness ou intégré une entreprise de loisir sportif nous fera perdre l’usage. La moitié, voire plus, d’entre nous, ne reviendrons pas et nous continuerons notre pratique autonome et individualisée de sport, comme nous le faisions lors du confinement.
DES MESURES DOIVENT ÊTRES PRISES
Afin d’éviter ce collapse, des mesures ont déjà été prises, avec plus de 2 milliards d’euros d’aides distribuées depuis le printemps dernier, en plus d’un plan de soutien spécifique au secteur sportif de 400 millions d’euros votée en novembre dernier. Mais cela ne reste malheureusement pas suffisant. Il faut aller plus loin et activer les chèques sports en faveur des jeunes et des ménages pauvres dès la rentrée prochaine, préparer rapidement un protocole sanitaire de reprise, favoriser une réouverture ciblée et contrôlée des salles et généraliser les ordonnances de sport et la pratique en entreprise, à travers des exonérations de charges et des incitations fiscales. Enfin, la formation restera primordiale, avec la réinsertion et la reconversion d’un certain nombre d’acteurs, victimes de la crise et des nombreuses fermetures d’entreprises prévues.
En tout cas, si rien n’est fait, l’effondrement de ce secteur est proche.
Pierre Rondeau