Etude sur l’évolution des attentes et des besoins des acteurs du sport français, quelles conclusions ?
Le Centre de Droit et d’Economie du Sport de Limoges a conduit, en collaboration avec l’Association Nationale des Elus en charge du Sport, une étude sur le futur du sport français et sur les attentes des principaux acteurs. Nous en dévoilons les principales lignes.
Après avoir considérablement souffert de la crise sanitaire de 2020, le monde du sport a cherché à des solutions de reprise et à construire un nouveau modèle de gouvernance garantissant la pérennité, la stabilité et la solvabilité économique. C’est tout le but de l’étude menée par le CDES et l’ANDES, avec la contribution de l’Agence Nationale du Sport, du ministère des sports, du CNOSF, du CPSF et de l’Agence Sport & Cycle. Celle-ci a eu pour ambition de décortiquer toutes les attentes des acteurs du sport français et de parvenir à élaborer des pistes pour le futur.
Ainsi, entre novembre 2021 et avril 2022, 1048 personnes ont été interrogées, à travers une enquête de terrain, approfondie et confortée par 25 entretiens qualitatifs et 3 tables rondes thématiques portant sur les sujets de l’environnement, de la santé et de la technologie. Il en ressort 4 problématiques majeures : l’incertitude liée à la crise sanitaire et notamment la question du bénévolat, l’instabilité financière et l’incapacité à assurer des budgets durablement à l’équilibre, la question de l’engagement, de la formation et de l’emploi, et enfin l’impact des Jeux Olympiques de Paris 2024 et ses effets sur l’héritage.
Les acteurs interrogés s’inquiètent sur une difficile adaptation aux nouveaux enjeux de la société, construisant une pratique du sport de plus en plus individualisée et déconnectée des réalités du terrain. Les crises, et notamment les confinements, ont accéléré ce processus avec une modification de la pratique, plus distendue, et des attentes, plus personnelles. De même, mais cela est lié, l’étude souligne les nouvelles difficultés à fidéliser et à capter les bénévoles, essentiels au bon fonctionnement du tissu associatif du sport français. Sans bénévole, aucune solution pour organiser et fédérer aux échelons locaux et nationaux. « Les formes d’engagement ont changé et la crise sanitaire a accéléré le départ d’une partie des bénévoles des clubs, pourtant essentiels au mouvement sportif. Il semble donc important de travailler sur l’attractivité des associations sportives. De même, la transmission et l'intégration au sein des clubs doivent être appréhendées différemment ».
Autre élément, et non des moindres, l’étude révèle une baisse des dotations publiques dans le financement des clubs et des sections sportives. « Au cours des 10 dernières années, des arbitrages ont pu être faits au détriment du secteur sport ». Ce qui a des conséquences directes sur la pratique, puisque sans moyen, les infrastructures ne peuvent être convenablement entretenues et rénovées, ce qui freine l’intérêt donné au sport. Le rapport du CDES et de l’ANDES estime notamment que 22% des infrastructures sportives françaises ont plus de 50 ans et nécessiteraient une réhabilitation totale. De plus, en limitant les moyens publics, on contraint les associations à passer par une augmentation des frais d’inscription, afin de limiter les déséquilibres, ce qui amène à un creusement des inégalités économiques d’accès à la pratique.
Il conviendrait alors de sacraliser le financement public du sport en France tout en garantissant une ouverture progressive vers des acteurs privés, vers une démocratisation du partenariat et du sponsoring, si et seulement si cela s'inscrit dans le cadre d'une avancé démocratique, écologique et sociale. « L'ensemble des acteurs du sport doivent être mobilisés. La nouvelle gouvernance doit agir pour favoriser les coopérations, complémentarités et synergies entre les acteurs publics et privés dans l’objectif d’une pratique sportive adaptée à chacun ».
Enfin, un point est mis en avant au sujet des enjeux climatiques et de la question environnementale. Les acteurs interrogés ont parfaitement consciences du risque à ne rien faire, tant sur la pratique que sur l’intérêt porté au sport et appellent à faire plus d’effort et a véritablement prendre fait et cause en faveur d’une transition écologique adaptée. Ils mettent en avant le coût écologique trop élevé des systèmes de compétitions sportives et souhaitent réduire, de façon drastique, leur empreinte carbone jusqu’à atteindre la neutralité d’ici 2050. Car si rien n’est fait, « le niveau d’acceptabilité de la population envers les évènements sportifs pourrait devenir de plus en plus faible dans les années à venir ». Les Jeux Olympiques de Paris, en 2024, qui ont l’ambition d’être les premiers Jeux à empreinte carbone neutre, devront alors faire figure d’exemple. Espérons que cela sera un succès.