Libéré des lobbys, le MMA peut mener sa révolution
Après plusieurs années à batailler pour prouver sa valeur aux instances tricolores, le MMA triomphe enfin et peut finalement entrevoir un bel avenir en France. Alors que sa légalisation est prévue pour janvier 2020, la discipline a du longtemps faire face aux craintes de plusieurs dirigeants alors même que son succès mondial est une évidence depuis plus d’une décennie.
Le MMA déplaît car il a tout pour plaire
Parmi les dernières nations à reconnaitre le MMA, la France faisait encore figure d’exception en Europe avec la Norvège au grand dam des acteurs de la discipline. Pourtant, le MMA ce serait près de 40 000 pratiquants malgré l’interdiction de compétitions sur le sol français et un succès international par le biais de l’UFC. La ligue américaine s’est vendue à hauteur de 3,5 M€ en 2016, un record pour une organisation sportive. Pas étonnant vu les audiences qui y sont associées puisque l’UFC toucherait près de 1,2 milliards de foyers dans le monde dont 250 000 téléspectateurs français. Au plus haut niveau, plusieurs tricolores ont su se faire une place au sein de l’UFC parmi lesquels Francis Ngannou, Jerome Le Banner ou encore Taylor Lapillus.
Des français qui cartonnent au sein d’une ligue qui détonnent à l’échelle mondiale, il n’en fallait pas plus pour effrayer les hauts dirigeants des fédérations concurrentes qui peinent de leur côté à garder des licenciés. Parmi ces disciplines, le Judo et son président Jean-Luc Rougé se sont distingués par leurs prises de position très fermes afin de décrédibiliser le MMA. Ce dernier trouvait une oreille très attentive auprès des précédents gouvernements au vu de son statut de gloire du sport tricolore et de la puissance de sa fédération en nombre de médailles et de pratiquants (premier sport de combat en France avec plus de 57 000 licenciés). Sous l’impulsion tout d’abord du Ministère de Laura Flessel et désormais celui de Roxana Maracineanu, il semblerait que la roue soit finalement en train de tourner après des années de lobby.
De réels enjeux économiques
Comme la boxe au début du 20ème siècle, le MMA fait polémique pour ses combats jugés trop sulfureux. Il ne faut pour autant pas se leurrer quant aux arguments qui ont convaincu le gouvernement. Au-delà de la discipline elle-même, c’est tout l’économie engendrée par ce sport qui font que la France ne peut plus fermer les yeux sur son existence. Le MMA est une pratique codifiée qui est tournée dans son essence même vers le marketing que ce soit avant, durant et après les combats. L’UFC fait partie des ligues les plus populaires aux USA, venant voler la vedette à la NBA, NFL et autres ligues majeurs chez les 17-35 ans. Avec la puissance de ses contenus, le storytelling autour de ses combats et champions, le show UFC, le MMA est le sport marketing par excellence.
Cet aspect économique représentait jusqu’à maintenant un manque à gagner en France où les champions tricolores doivent combattre à l’étranger pour évoluer. Dès janvier 2020, ces derniers pourront rester vivre en France et participer au développement des instances locales en toute légalité. Ces dernières pourront également percevoir des subventions de l’État pour se structurer et former les champions de demain. Enfin, avec cette reconnaissance le MMA va pouvoir conclure de nouveaux accords sponsoring auprès des marques désireuses de profiter de l’attractivité de cette discipline. Ironie du sort, non-reconnue toutes ces années par la France, le MMA pourrait bénéficier désormais d’une attractivité accrue, fruit du fantasme nourri par cette même interdiction.
MICHAEL TAPIRO