Quel projet pour le sport avec le président Emmanuel Macron

Emmanuel Macron vient d’être réélu président de la République, avec 58% des voix au second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen. Alors que le sport n’avait été que très peu présent lors de la campagne, du premier comme du second tour, il convient maintenant de savoir s’il va véritablement prendre de l’importance, encore plus à l’orée des Jeux Olympiques 2024.

Lors du grand oral organisé par le CNOSF et les principales associations dédiées au sport, seuls 3 candidats à la Présidentielle avaient daigné venir, Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Yannick Jadot et chacun avaient présenté son programme respectif pour le sport. Bien que leurs idées eussent bien été acquises et comprises, que les projets avaient été compris et étudiés, ces 3 n’ont pas été capables de dépasser les 5% et sont retournés à leurs fonctions électives locales. 

Quant à Emmanuel Macron, il s’est toujours montré, lors de son premier mandat, très friand de sport, s’affichant régulièrement dans les stades ou avec des maillots de football, mais il ne s’est pas déplacé lors de l’oral, il l’avait justifié par un agenda déjà très chargé. On n’en sait donc que très peu sur les idées et les projets pour le sport de ce second mandat. Quels objectifs ? Quelles ambitions ? Quels desseins ? 

Pas grand-chose n’est sorti. Pourtant, de nombreuses personnes ont travaillé sur un programme sportif. Emmanuel Macron s’est entouré de gens compétents dans le domaine, comme Cyril Mourin, conseiller au sport à l’Elysée depuis 2017, ou encore Cédric Roussel, député LREM de Nice et grand passionné de ballon rond voire Karl Olive, ancien journaliste sportif et maire de Poissy. Depuis de longs mois, accompagnés d’Amélie Oudéa-Castera, ancienne joueuse professionnelle et directrice générale de la Fédération française de tennis, ils planchent sur un projet spécifiquement dédié au sport. 

Déjà annoncé, on connait la proposition d’imposer les 30 minutes d’activités physiques et sportives par jour à l’école, afin d’associer le sport à la santé et de lutter contre l’obésité et l’inactivité, qui a touché beaucoup trop d’enfants lors des confinements successifs. Une récente étude de l’Union Sport & Cycle avait d’ailleurs estimé une augmentation de l’indice de masse corporelle des enfants de moins de 12 ans d’au moins 20% sur toute la période 2020-2022, correspondant à la fermeture des écoles et au pic de la pandémie de covid19. Il convenait donc de prendre des mesures fortes. Le renforcement du sport à l’école en fait donc parti. 

Cela fait suite à une autre mesure prise lors du dernier quinquennat de chèque-sport, voté avec l’opposition dont le député Génération.s Régis Juanico, qui permettait de financer, à hauteur de 80€ le paiement des licences sportives en club. Toujours dans l’idée de réintensifier la pratique, qui avait beaucoup chuté en deux ans. On peut néanmoins se désoler que ce pass-sport soit si faible, face au pass-culture qui lui représenté 300€ offerts à l’ensemble des jeunes., soit 3 fois plus. 

EMMANUEL MACRON 2017 = EMMANUEL MACRON 2022

Le programme sport du président réélu Emmanuel Macron est en fait une grande continuité avec ce qu’il faisait déjà depuis 5 ans. En plus du soutien du sport à l’école et du sport en club, le ministère a connu une très forte valorisation de son budget, passant, depuis 2017, de 400 millions d’euros à quasiment 1 milliard. Dans cette somme, une grande partie sera consacrée aux infrastructures sportives des JO et à la rénovation d’un certain nombre d’équipements sportifs. Il faut dire qu’Emmanuel Macron mise beaucoup sur les Jeux Olympiques de Paris et essayera très certainement de profiter de l’engouement populaire. Il faut que cela soit un succès, à tous les niveaux. 

D’où l’importance d’accorder plus de moyen à ce secteur. Peut-être est-ce trop tard – le budget du ministère n’a été augmenté qu’à partir de 2021 – mais on ne peut pas nier que des choses sont faites. A travers ces moyens supplémentaires, le fonds dédié à la performance sportive est sanctuarisé et permettra d’assurer 40.000 euros par an à l’ensemble des sportifs de haut-niveau inscrit dans le nouveau registre crée par l’Agence Nationale du Sport, mise en place sous le premier mandat d’Emmanuel Macron. Ce fonds assure que les aides seront versées jusqu’aux JO 2024 « et les suivants ». Car le président à un souhait, intégrer durablement le top 5 au classement des médailles olympiques, assurer un minimum de 40 médailles durant les olympiades et, pourquoi pas, atteindre les 80. C’est en tout cas ce qui avait été prévu par l’ancienne ministre des Sports, Laura Flessel, avant que cette dernière soit remise en cause par son propre camp. 

Globalement, le programme d’Emmanuel Macron n’est qu’une continuité avec son premier mandat. Beaucoup de communications, beaucoup d’affichages, beaucoup de stabilité, peu d’annonces fortes et inédites, pas vraiment de mesures ambitieuses. Le sport politique tel qu’on l’a connu entre 2017 et 2022 risques d’être le même entre 2022 et 2027.