L'économie du Vendée-Globe
La célèbre course en solitaire autour du monde prendra prochainement fin. L’occasion de revenir sur l’économie et l’organisation de cette grande compétition internationale, l’une des plus importantes et prestigieuses de la discipline.
Créé en 1989, sous l’impulsion du navigateur Philippe Jeantot et du conseil départemental et général de Vendée, le Vendée-Globe est rapidement devenu un événement important dans le milieu marin et a su devancer d’autres compétitions comme la route du Rhum de Saint-Malo ou le Golden Globe Challenge.
D’importants résultats économiques
Son prestige et sa renommée permettent en retour d’attirer de très nombreux sponsors et partenaires commerciaux, sources d’importantes rentrées financières pour les organisateurs et l’économie locale. Sur l’édition 2020-2021, on a dénombré 33 marques associées à la course et plus de 200 entreprises, liées de façon indirecte, profitant d’une visibilité et d’un impact médiatique durable et positif. Cela génère emplois et activités économiques, éléments nécessaires en ces temps de conjoncture au ralenti.
Selon le Conseil général de Vendée, lors des précédentes éditions, tous les 4 ans depuis maintenant 30 ans, les retombées économiques pour les Sables-d’Olonne, ville hôte historique, dépassent les 30 millions d’euros en moyenne sur la seule durée de l’avant-départ et garantit une publicité à la ville et à la région. Il y a 4 ans, en 2016, le département de Vendée avait même comptabilisé plus de 35 millions d’euros de gains. Le tourisme reste ensuite au beau fixe 6 mois après la compétition, attirant toujours plus de fans et de passionnés de voile, après avoir admirés les navigateurs lors de leur tour du monde.
C’est l’avantage d’une course qui n’a pas lieu sur un point fixe, comme pourrait l’être un Euro de football ou une coupe du monde de handball, le Vendée-Globe se situe sur les flots, mais assure une médiatisation continue pour les marques sur tout le temps de la compétition. Ainsi, pas d’investissement structurel nécessaire et un gain visibilité pour les sponsors, les partenaires et la région.
Un événement qui se maintient malgré la covid 19
Selon une étude, 85% des suiveurs du Vendée-Globe ne se rendent même pas en Vendée et suivent la compétition à la télévision ou à la radio. L’avantage est encore plus perceptible à l’heure de l’épidémie de coronavirus, qui interdit les réunions de foule et impose des huis-clos. Au mois de novembre, à quelques jours du départ, la capacité d’accueil avait été réduite à 10% mais pour autant, cela n’avait pas impacté sur la visibilité des équipes et des voiliers. Selon Antoine Mermod, le président de la classe Imoca qui représente les 33 skippers au départ du tour du monde en solitaire, « les retombées publicitaires investies par les sponsors ne devraient pas souffrir du virus. […] A partir du moment où les skippers vont être seuls en mer, notre sport sera équivalent à ce qu'il était sur les huit éditions précédentes ».
On estime qu’un navigateur, pour être compétitif et prétendre faire bonne figure lors du Vendée-Globe, doit être capable de trouver un financeur, un partenaire prêt à mettre entre 500 000 et 3 millions d’euros sur la table par an au moins pendant 3 voire 4 ans avant le départ officiel. Et malgré le coronavirus, malgré le ralentissement de la croissance et la déprime collective, tout le monde a été au rendez-vous, l’intérêt reste présent et les conséquences sont à minorer par rapport à d’autres disciplines et d’autres événements.
Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de la voile de compétition monte à 83 millions d’euros, en hausse de 16% par rapport à 2019 et est un des rares secteurs qui n’a pas été durablement et difficilement touché par la crise pandémique. Evènement en total autonomie, sans infrastructure d’accueil, populaire et historique, tous les ingrédients sont présents pour faire du Vendée-Globe un événement durable et solide sous l’ère post-covid.
Pierre Rondeau