La reprise pour les salles de sport va être difficile
Alors que la France connait une nouvelle période pandémique, avec une reprise des contaminations et des hospitalisations, certains secteurs, victimes des mesures sanitaires, alertent déjà pour le futur. Les entreprises de loisir sportif notamment s’inquiètent d’un redécollage compliqué.
Au total, les salles privées de sport et de loisir sportif, comme les espaces de musculation ou les salles d’escalade, ont connu 8 mois de fermeture administrative. Et cela risque malheureusement de durer encore quelques temps, au moins jusqu’à la fin du mois d’avril. Après, tout l’espoir repose sur l’évolution du virus et sur le déploiement des mesures vaccinales.
LE CHIFFRE D’AFFAIRES EST EN CHUTE LIBRE, 70 000 EMPLOIS SONT MENACES
Seulement, même après, beaucoup de dirigeants et de professionnels du sport semblent pessimistes sur une probable reprise à la fois de la pratique et du chiffre d’affaires. Selon une étude de l’Union Sport & Cycle, ce sont déjà 300 établissements qui ont définitivement fermés, sur les 6500 que compte la France, et 80% des restants ne savent pas s’ils seront capables d’assurer dans quelques mois.
« La fidélisation est en chute libre » note Virgile Caillet, délégué Général de l’UNION sport & cycle, qui pointe à la fois le désintérêt croissant pour le sport indoor des français, pour le sport en général, mais aussi le déséquilibre comptables des salles, sans plan d’aide ciblée et spécifique en leur faveur. « Depuis le premier confinement, on constate une forte réduction de la pratique du sport en milieu professionnel et de certains profils « actifs », principalement les femmes, une forte baisse de la pratique sportive chez les séniors et une forte baisse chez les classes populaires. […] Rajoutez à cela les difficultés financières qui s’accumulent et vous vous retrouvez avec un cocktail explosif ».
Au total, depuis 1 an, ce sont déjà 1,3 milliard d’euros de pertes sèches cumulées, sur un chiffre d’affaires totale estimé en 2019 à 3,2 milliards, soit quasiment la moitié des rentrées financières envolées. Le nombre d’abonnés a baissé de 30% en moyenne, et jusqu’à 65% dans certains studios de sport, consacrés aux arts martiaux ou aux cours collectifs. L’immense majorité de la clientèle a choisi de suspendre ou d’arrêter son abonnement. Les recettes, jusqu’ici assurées, se sont alors progressivement arrêtées sans qu’on ne puisse les contrebalancer par une activation des aides publiques. En effet, très peu d’établissements, par manque de moyen ou de garantie, ont eu recours à l’activité partielle de longue durée. La situation est très inquiétante et pourrait provoquer un véritable cataclysme pour le secteur, cela aurait des conséquences à la fois économiques, avec 70 000 emplois menacés, et sociales, avec une chute drastique de la pratique sportive.
UN ESPOIR AU BOUT DU TUNNEL
Mais il y a pourtant des motifs d’espoir. Déjà, la création récente d’un masque spécifique à la pratique sportive vient renforcer la possibilité d’une reprise progressive dans les salles. Pour Virgile Caillet, « 10 millions de masques vont être produits afin d’accompagner la reprise et la réouverture. […] On vend du bien-être, du plaisir et les masques doivent nous permettre de rouvrir au plus vite ». Ensuite, bien que la période ne motive pas vraiment à la pratique sportive, on peut espérer que tout reparte une fois une situation stable retrouvée. Les professionnels estiment que cela prendrait 18 mois pour reconstituer une baisse de données d’abonnés optimale et redonner goût à la pratique, retrouver des usagers et intensifier les abonnements.
C’est l’objectif qu’il faut se fixer car on ne peut pas, une seule seconde, envisager une France sans salle de sport et sans pratique contrôlée et surveillée, encore plus à seulement 3 ans des Jeux Olympiques de Paris. Le pays doit rester une grande nation sportive et, pour cela, il faut que le secteur des entreprises de loisir sportif retrouve sa pleine santé.
Pierre Rondeau